Oubliée, au bord de la route 170 à Saint-Siméon, l’ancienne maison du sculpteur Jean Gauguet-Larouche est devenue une sorte de ruine.
Par Serge Gauthier, Ph.D.
Président de la Société d’histoire de Charlevoix
Pourtant, elle a abrité en permanence, de 1973 à 1986, un artiste hors-norme qui a marqué son époque.
Jean Gauguet Larouche naît à La Malbaie en 1935. Dès le début des années 1960, il adopte le pseudonyme de Gauguet qui devient en quelque sorte son nouveau nom.
En 1965, il présente une exposition remarquable lors de l’ouverture du Musée des Beaux-Arts de Montréal. Ses sculptures très avant-gardistes étonnent et il est alors un artiste reconnu.
Il est aussi l’auteur des chaînons à l’origine de l’actuel logo de la Centrale des syndicats nationaux (CSN). Cette œuvre remarquable si bien connue partout au Québec ne lui a pourtant rien rapporté sur le plan financier.
En 1973, déçu par la démolition (ordonnée par le maire de Montréal Jean Drapeau) de sa maison située dans l’Îlot des Voltigeurs rue Notre-Dame à Montréal où il s’était établi, Gauguet choisit de se rendre vivre dans son Charlevoix natal.
Il s’établit donc dans une vieille maison datant du début du 20e siècle ayant autrefois abrité des familles d’agriculteurs et que sa mère Juliette Villeneuve avait acheté en 1969 pour en faire son chalet d’été.
Gauguet décide d’y vivre à l’année. La chose n’est pas simple car, située dans un ravalement, la maison est aspergée par l’eau et la neige lorsqu’on effectue le déneigement sur la route.
Pourtant, Gauguet y trouve un lieu pour créer. Il ajoute à la maison traditionnelle une section qui devient son atelier d’artiste. Il y fait de la sculpture, des dessins et il écrit de longues lettres à ses amis.
Il faut dire que Gauguet fut aussi un écrivain renommé. Il a notamment publié deux recueils de poésies.
La vie de Gauguet dans cette maison n’était pas facile. Il se chauffait au bois. Il se nourrissait de chasse et de pêche. Il a toujours été très pauvre durant toute sa vie à Saint-Siméon jusqu’en 1986.
En fait, Gauguet est mort en février 1986, alors qu’il venait de consulter le médecin de Saint-Siméon le Docteur Jacques Gobeil. Son cœur s’est alors arrêté.
Plusieurs œuvres de Gauguet se retrouvent aujourd’hui dans des musées ou chez des collectionneurs. Sa réputation de créateur important persiste mais s’il s’agit d’un artiste dont le grand talent a quelque peu été oublié.
Son ancienne résidence s’effrite tranquillement depuis 1986. Elle n’est pas vraiment entretenue depuis ce temps. Pourrait-on la rénover et en faire un petit musée en l’honneur de ce grand artiste? L’idée est lancée.
Pour en savoir plus sur Jean Gauguet-Larouche il faut lire : Serge Gauthier. Gauguet l’indigné. La Malbaie, Éditions Charlevoix, 2017. 120 pages
(Livre disponible à la Société d’histoire de Charlevoix) www.shistoirecharlevoix.com
