Pour poursuivre l’été en beauté, le Carrefour culturel accueille trois nouvelles expositions. Jusqu’au 11 septembre, laissez-vous absorber par les œuvres issues de l’isolement de Jocelyn Delarosbil, voyagez dans le « nowhere » avec Louise Piché et retrouvez les paysages qui ont inspiré Marc-Aurèle Fortin à travers les œuvres de trois artistes qui ont retracé sa route.
AU-DELÀ DE L’ISOLEMENT
de Jocelyn Delarosbil
« Loin des festivités, des bruits de la foule et des rencontres de famille, je consacre mon temps avec la toile : je la colore, la dessine, fais exploser les couleurs jusqu’à la fin de la rencontre, du combat quand j’abdique enfin pour que naisse le tableau. Et puis me revient l’envie de reprendre cet affrontement dont je ne connais pas l’issue et qui me réserve encore bien des surprises. »
Natif de Saint-Urbain, Jocelyn Delarosbil grandit à Baie-Saint-Paul. Après avoir fait carrière en cuisine durant 40 ans, il ne se voyait pas rester chez lui à ne rien faire. Il n’a jamais touché à un pinceau de sa vie, mais il a en lui deux éléments essentiels : de la créativité et des émotions. Autodidacte, sans base en dessin, sans cours, avec seulement des tubes de couleurs et différents pinceaux, il se met à créer des œuvres abstraites avec la méthode du « splash painting », c’est-à-dire qu’il compose ses tableaux par éclaboussure dans des gestes toutefois très prémédités.
Il s’est monté un atelier dans son sous-sol et il fait jaillir la peinture sur des toiles, mais aussi un peu sur les murs autour. Il écoute toujours de la musique en peignant et particulièrement du punk rock dont les atmosphères se reflètent dans sa création.
Il peint une trentaine de toiles par années et a fait quelques expositions à la bibliothèque de Baie-Saint-Paul. Ce peintre au parcours atypique a su se réinventer et innover dans sa vie et dans son art.
Cartes postales de mes transhumances
de Lou P from Nowhere Louise Piché
« Les cultures diverses passées et contemporaines, l’archéologie et la paléontologie m’intéressent depuis de nombreuses années. Dès que j’ai été en mesure de voyager, j’ai multiplié les occasions pour me mêler aux gens du pays que je visitais et pour m’éloigner des grands centres afin de me retrouver dans ce que j’appelle le « nowhere » qui invite à plonger en soi. Cette sensation trouve son apogée dans les déserts au silence feutré et aux paysages quasi monochromes qui semblent immuables d’où la nouvelle série intitulée « Nowhere ». Mes photographies de voyage constituent mes références face aux sources d’inspiration qui m’animent, images qui provoquent en moi le besoin d’ajouter à la toile un texte réflexif. De là, mes toiles sont devenues pour certaines, des cartes postales, d’où le nom « Cartes postales de mes transhumances » attaché à une de mes séries de peintures. »
Louise Piché (Lou P from Nowhere) s’exprime à travers la peinture et la photographie. Voyageuse autonome, elle trouve ses premières inspirations des lieux qu’elle visite, mais également des gens rencontrés, leurs cultures et leurs croyances; cet intangible qui anime les humains depuis toujours.
Artiste autodidacte ayant touché de prime abord à la photographie, elle adhère à des clubs de photographes au début des années 2000 où elle remportera des mentions de distinction à trois reprises.
Par la suite, elle expérimente la peinture acrylique ainsi que son mixage à la photographie. Pendant quelques années, elle fréquente l’atelier de l’artiste professionnel montréalais Seymor Segal.
Ce dernier a eu une grande influence sur sa démarche artistique, sur le « lâcher-prise » face à la toile. Du début de ce cheminement à aujourd’hui, elle parfait ses connaissances par des formations et participe à différentes expositions.
Sur les traces de Marc-Aurèle Fortin
Ces trois artistes peintres de Charlevoix cherchent les traces de Marc-Aurèle Fortin. Ils veulent retrouver les endroits où le peintre a été inspiré et par la suite créer une série de tableaux et dessins.
Un voyage sur la route du Saguenay à Sainte-Rose (Laval) en passant par l’île d’Orléans et finissant dans Charlevoix a été planifié afin d’enfiler les perles de paysage. Les artistes réactualisent la pratique du dessin et de la peinture en plein air dont Fortin était maître et veulent prouver que cet art n’en est pas un du passé, mais bien vivant.
Jimmy Perron
Que ce soit en peinture, en sculpture, en gravure ou dans le cadre de ses installations intégrant le numérique, Jimmy Perron puise à même les racines identitaires de son territoire afin de proposer un regard nouveau sur son histoire, sa culture, de même que l’esthétisme du paysage :
« Ma démarche est instinctive j’observe des formes je les synthétise. C’est un procédé qui se produit naturellement en moi comme un archéologue qui fouille. Des associations se produisent dans mon esprit, des souvenirs antérieurs jouent avec mes perceptions présentes et tout cela influence le processus de création de mes œuvres. L’imaginaire est important pour moi, il seconde l’instinct. Je m’efforce de travailler le plus spontanément possible afin de libérer au maximum une puissance de création, ainsi tenter d’atteindre l’esprit… un certain sens caché des choses. »
Boursier du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Canada, les œuvres de Perron se retrouvent, entre autres, dans des collections publiques et privées telles que la Collection Loto Québec, le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul et Power Corporation.
Il est représenté par la Galerie Robert de Toronto et la Galerie Art et style de Baie-Saint-Paul.
Frédérick Ouellet
« J’ai commencé à peindre des paysages en 2012 alors que les paysagistes étaient de moins en moins populaires sur la scène des peintres contemporains du Québec. Accompagné de mes pinceaux et suivant mon instinct, j’ai commencé à sillonner les routes du Québec et c’est là que mon point de vue s’est mis à changer, évoluer, comme le panorama qui m’entourait… À force d’observer, j’ai découvert que les paysages devenaient des images de plus en plus abstraites et inspirantes à mes yeux. J’ai descendu le fleuve et dessiné ma propre carte géographique et routière des endroits qui m’ont transformé… J’ai poursuivi ma quête dans la région de Charlevoix plus précisément entre l’île d’Orléans et Tadoussac, mais c’est le magnétisme de Baie St-Paul qui m’a captivé. Tout semblait familier et c’est peut-être pourquoi cette ville m’a adopté comme si j’y habitais depuis toujours. »
Pierre Bouchard
En 1974 naît Pierre Bouchard au Lac-Saint-Jean. À 25 ans, à Québec, il fait de la BD, de l’illustration et du dessin animé. À 37 ans, il est graffeur-designer et peint des tableaux pop-naturalistes (des citrons et des poissons).
Il commence le paysage à 44 ans lorsqu’il s’installe à Baie-Saint-Paul où happé par la beauté des lieux, il vient à comprendre les peintres qui ont foulé le sol charlevoisien.
Tout ça, est très inspirant pour l’artiste qui tantôt ira dessiner dans la montagne tantôt ira peindre au fleuve. Il y a là, une vision romantique du peintre vagabond et un désir de continuer une certaine tradition de la peinture québécoise.
Il s’implique dans la communauté en peignant des murales et créant des projets d’art public.
Le Carrefour culturel Paul-Médéric présente également les expositions permanentes Espace Baie-Saint-Paul et Studio Trad – Les textiles charlevoisiens.
Les heures d’ouverture sont du mardi au dimanche (incluant les lundis de juillet et août) de 10 h à 17 h.