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Raymond Malenfant : ni ange, ni démon !

Par Pierre Rochette  •  9 Jan 2022 à 00:08  •   •   978 VISIONNEMENTS
Sur la photo à la Une: Raymond Malenfant entouré de la mairesse Jacinthe B. Simard, du préfet Jean Lajoie, de Lisette Jean, d’Alain Bouchard, entre autres, devant le Parlement à Québec pour l’obtention d’un casino dans Charlevoix…..(photos Pierre Rochette)

J’ai côtoyé Raymond Malenfant à titre de jeune journaliste radiophonique dans Charlevoix à l’époque du conflit qui l’opposait aux ex-employés du Manoir Richelieu, puis à Québec lorsque je m’y suis retrouvé une année plus tard.

Par Réjean Bergeron (Isle-aux-Coudres)

Ma première couverture d’un événement majeur fut celle du saccage du Manoir Richelieu.  Il y eut ensuite le décès d’un manifestant aux abords du Manoir; l’enquête du coroner qui a suivi; les funérailles presque nationales du manifestant; et un deuxième conflit avec la CSN au Mont Grands Fonds.

Charlevoix allait de rebondissement en rebondissement, la Sûreté du Québec en vint même à arrêter des conseillers syndicaux de la CSN.

Deux d’entre eux se révélant être des informateurs du Service canadien de renseignements de sécurité (SCRS).  Même l’auteur Luc Dionne n’aurait pu imaginer pareil scénario.

Monsieur Malenfant est décédé à l’âge vénérable de 91 ans.  Il a été brièvement vu comme un héros par le patronat et comme un tyran par le milieu syndical.  À La Malbaie, il était encensé par certains et conspué par d’autres.  Il avait polarisé la région comme jamais elle ne l’avait été.

La couverture journalistique, surtout celle des médias locaux, était hasardeuse.  Chaque nouvelle, chaque ligne et chaque mot qui était écrit ou livré en ondes était sujet à interprétation.

Le journaliste était constamment qualifié de pro-Malenfant ou pro-CSN.

Raymond Malenfant était-il un ange ou un démon ?  Quelque chose entre les deux probablement.  Son entêtement a certainement contribué à sa réussite et au statut de vedette qu’il a soudainement acquis après l’acquisition du château de Point-au-Pic.

Ce même entêtement à affronter la CSN l’a fragilisé.  Ce même entêtement à multiplier les acquisitions et à refuser les conseils a fini par causer sa perte financière.

Raymond Malenfant en compagnie de Bertrand Harvey lors d’un gala méritas de la Chambre de commerce de Charlevoix-Est, à l’époque…..

Les hommes d’affaires qui aimaient bien se coller à lui lorsqu’il était au sommet l’ont ensuite renié et fait de lui un paria.

Raymond Malenfant avait peut-être des défauts, mais il avait un franc parler.  Les fameuses phrases vides qu’on reproche aux politiciens et autres personnalités publiques d’utiliser n’avaient pas leur place dans les entrevues de monsieur Malenfant.

C’était blanc ou noir, avec les risques que cela représentait pour lui.  Maintes fois lui ai-je fait écouter une déclaration du président de la CSN, Gérald Larose, dans son bureau du Manoir Richelieu.  La réplique ne tardait pas.  Avec ces deux belligérants, on savait rapidement vers où on s’en allait.

Raymond Malenfant était loin d’être parfait.  Comme un humain normal, il avait des qualités et des défauts.

Dans le contexte des années 2000 où la sainteté est exigée et où la division entre les bons et les méchants doit être aussi nette que dans un film de superhéros de Marvel, monsieur Malenfant n’aurait même pas eu le temps d’atteindre le sommet avant de chuter.

Il aurait rapidement été déboulonné en raison de son imperfection.

Je me souviens d’avoir accompagné monsieur Malenfant à Winnipeg pour couvrir l’annonce de l’ouverture d’un casino à l’Hôtel Fort Garry qu’il possédait là-bas.

Un voyage mémorable en sa compagnie.  À mes côtés, dans l’avion, il me racontait plein de choses en lien avec le monde des affaires en ajoutant que ce n’était pas pour diffusion, mais il n’était pas le genre à baisser le ton.

J’aurais pu être n’importe où ailleurs dans l’appareil pour entendre ses propos et pouvoir les publier.  Monsieur Malenfant, j’ai quand même respecté ma promesse jusqu’à votre décès.

De toute façon, aujourd’hui, je n’arrive plus à me souvenir de tout ce que vous m’avez dit.

Monsieur Malenfant, votre route en ce bas monde a été longue et parsemée d’embuches.  Vous m’avez déjà dit, à la blague, que si j’avais pu dénicher un emploi de journaliste à Québec, c’était à cause de vous et du conflit au Manoir Richelieu.

Vous aviez en grande partie raison.

Merci de toujours avoir accordé du temps à l’humble journaliste que j’étais et reposez en paix.

 

 

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