Sainte-Agnès est souvent désigné comme la paroisse aux trois églises. Mais, en ce qui concerne l’église de Sainte-Agnès, il serait plutôt possible de parler d’une église ayant longtemps desservi trois paroisses.
Par Serge Gauthier, Ph.D.
Président de la Société d’histoire de Charlevoix
Dès 1830, l’Évêque de Québec cherche à établir une nouvelle paroisse dans l’est de Charlevoix, dans les montagnes non loin de La Malbaie.
Le secteur se peuple alors rapidement, bien que les terres ne soient pas de très grande qualité. Toutefois, quelques années plus tard, la population de ce lieu se rend peupler le Saguenay et la paroisse de Sainte-Agnès ne compte jamais plus de 1500 habitants.
L’Évêque souhaite ériger une église en pierres, ce que les paroissiens n’acceptent pas à cause des coûts élevés pour cette construction.
Finalement, on s’entend pour que l’église soit en bois, un matériau facile à trouver dans les environs et donc moins coûteux.
Le 1e avril 1841, le contrat de construction est accordé. L’église est construite d’après les plans soumis par l’architecte renommé Thomas Baillargé.
C’est en juillet 1844 que la première messe est célébrée dans la nouvelle église de Sainte-Agnès. Cependant, dès son ouverture, l’église est jugée loin de la plupart de ses paroissiens et elle ne fait pas l’unanimité.
Il faut dire qu’au milieu du 19e siècle, il n’y a pas à proprement parler de village autour de l’église de Sainte-Agnès.
Un grand nombre de ses paroissiens résident dans le secteur Des Lacs (aujourd’hui Saint-Aimé-des-Lacs) ou encore dans le Canton de Sales (aujourd’hui Notre-Dame-des-Monts).
Ces derniers doivent affronter de grandes distances et bien des difficultés pour se rendre à la messe du dimanche, tout particulièrement en hiver et au printemps.
Cette situation crée de grandes tensions dans la paroisse. En 1940, le curé de Sainte-Agnès, l’abbé Alfred Girard, décide de favoriser la construction d’une nouvelle église plus au centre de la paroisse.
Dès lors, la paroisse de Saint-Aimé-des-Lacs est formée en 1942, puis celle de Notre-Dame-des-Monts en 1947. L’abbé Girard n’a pas su unifier sa paroisse et a plutôt créé ce qu’on appellera bientôt la paroisse aux trois églises.
Après la création de Saint-Aimé-des-Lacs et de Notre-Dame-des-Monts, l’église de Sainte-Agnès dessert désormais une petite population d’environ 500 habitants, mais ce temple paroissial ne suscite plus alors aucune contestation.
L’église de Sainte-Agnès est classée monument historique en 1960.
Sa toiture a été refaite autour de 1978 et des rénovations s’effectuent à l’intérieur de ce temple durant la décennie 1990. Mais, elle a finalement été peu transformée au fil des ans et conserve ainsi son air d’antan.
De nos jours, l’église de Sainte-Agnès est un bien patrimonial remarquable.
En fait, elle demeure la seule église au Québec construite en bois d’après les plans de l’architecte Thomas Baillargé qui soit encore debout.
Elle fait preuve encore et toujours d’une longévité remarquable, sans jamais avoir subi l’épreuve du feu et, de nos jours, tant ses paroissiens que ses visiteurs ne peuvent que l’admirer et la reconnaître comme un bâtiment historique unique.
