Ce moulin à eau est devenu une maison familiale en 1930. Le prénom César attaché au moulin provient d’un ancien propriétaire en 1873 qui se nommait César Tremblay.
Par Serge Gauthier, Ph.D.
Président de la Société d’histoire de Charlevoix
C’est le seigneur Joseph Drapeau propriétaire du fief de la rivière du Gouffre qui le fit construire en 1792. Le travail de construction du Moulin a été effectué par Jean-François Tremblay qualifié de « maître charpentier de moulins et de seigneur des Éboulements ».
Ce dernier a d’ailleurs construit le moulin qui se retrouve encore aujourd’hui aux Éboulements. Malheureusement, le moulin César est incendié vers 1828. Le meunier Pierre Tremblay est alors engagé pour la reconstruction du bâtiment.
Le Moulin César servait à moudre les grains et à produire de la farine pour la population des environs. Il a gardé cette utilisation durant tout le 19e siècle et même au début du 20e.
Toutefois, la grande concurrence des moulins environnants lui fait perdre de la clientèle et en 1930, il devient une résidence familiale.
Par ailleurs, la famille Bouchard qui habite le moulin à ce moment est importante pour l’histoire de l’art dans Charlevoix.
Elle comptera de nombreux artistes populaires dont la plus renommée est Simone-Mary Bouchard (1912-1945) et ses œuvres remarquables s’inspirant de la vie rurale se retrouvent aujourd’hui dans différents musées québécois.
Le cinéaste Jean Palardy (1905-1991) tournera sur le site du Moulin César plusieurs scènes de son fameux film sur les peintres populaires de Charlevoix réalisé pour l’Office national du Film du Canada (ONF) en 1947.
Long de 12 mètres, profond de 9 mètres et haut de 10 mètres, le Moulin César repose sur des fondations de pierre.
Il a été un élément marquant du paysage de Baie-Saint-Paul et il attirait de nombreux touristes. Il a été classé monument historique en 1965.
Tristement, son toit s’est effondré sous la neige en 2008. Depuis, il semble abandonné et condamné à s’effriter sans que personne ne puisse s’en occuper.
Il serait très dommage que le Gouvernement du Québec et la Ville de Baie-Saint-Paul ne s’engagent pas à faire renaître ce bâtiment unique vieux de plus de 200 ans.
En fait, ce serait une grande perte pour la tradition artistique de la ville d’art de Baie-Saint-Paul si ce témoin de notre histoire disparaissait un jour du paysage.
