Baie-Saint-Paul vient de se doter d’un nouvel hôpital. C’est une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle est que bientôt l’ancien bâtiment du Centre hospitalier de Charlevoix sera détruit et il emportera avec lui bien des souvenirs.
Par Serge Gauthier. Ph.D.
Président de la Société d’histoire de Charlevoix
C’est le 28 août 1889 que l’abbé Ambroise-Martial Fafard (1840-1899) fait l’acquisition de la demeure d’Édouard Boily afin d’y ériger un hospice qui prend le nom de Saint-Anne. Il veut ainsi héberger des personnes âgées de la région dont certaines sont parfois dans un grand dénuement.
Mais l’Hospice Sainte-Anne prend bientôt une autre orientation, alors que l’abbé Fafard profite de l’offre du gouvernement québécois qui subventionne l’accueil d’handicapés mentaux à compter du 15 mai 1891.
L’abbé Fafard s’adjoint pour la direction de l’Hospice une communauté de religieuses en provenance des États-Unis qui deviendront les Petites Franciscaines de Marie, reconnue le 18 février 1892 par le Diocèse de Chicoutimi.
L’Hospice Saint-Anne connaît une rapide croissance. En 1905, il y a 176 pensionnaires ou comme on dit des « patients » à l’Hospice.
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En 1930, ils sont 775 et plus de 1100 en 1945. Il faut donc agrandir l’édifice puis construire l’aile Saint-Joseph terminée en 1917 et qui malheureusement subit un incendie en 1924.
L’édifice actuel du Centre hospitalier de Charlevoix date ainsi de 1926, soit un an après le grand tremblement de terre de 1925. Personne ne peut donc savoir si cet édifice aurait bien résisté à ce grand séisme.
Outre en 1988, avec un séisme de bien moindre intensité, personne ne saura déterminer vraiment si l’édifice du Centre Hospitalier de Charlevoix aurait bien résisté à une grande secousse et pourtant on le démolit à cause de cela, sans savoir vraiment ce qui en était.
Encore une décision gouvernementale bien empressée sur laquelle il serait possible d’épiloguer longtemps.
En 1936, l’Hospice devient l’Hôpital Saint-Anne. Toutefois dans les années 1950, le bâtiment est encore presque totalement associé au soin des handicapés mentaux. En 1962, l’Hôpital Sainte-Anne héberge 1300 personnes handicapées mentales.
Puis, c’est le temps des réformes et l’Hôpital Sainte-Anne est appelé à desservir la population en général. Vers 1967, le nombre d’handicapés mentaux passe de 1300 à environ 500.
En 1973, les Petites Franciscaines de Marie cèdent leur droit de propriété sur l’Hôpital Sainte-Anne qui devient le Centre Hospitalier de Charlevoix.
La qualité des soins y est meilleure que jamais. On remet en opération le service de chirurgie. Une clinique pour les urgences est en opération. La population de Baie-Saint-Paul possède ainsi un véritable hôpital desservant adéquatement le secteur.
Bien sûr, la venue du nouvel hôpital assure un grand développement à Baie-Saint-Paul. Néanmoins, lorsque le pic des démolisseurs arrivera bientôt, de nombreuses personnes seront sans doute triste de voir disparaître définitivement un édifice qui a tellement marqué l’histoire de Baie-Saint-Paul et de tout Charlevoix.
