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Les malheureux naufragés de l’Isle-aux-Coudres !

Par Pierre Rochette  •  8 Mai 2023 à 00:08  •   •   3415 VISIONNEMENTS

Comme bien des gens de ma génération, je riais lorsque je regardais l’émission « Les joyeux naufragés » en noir et blanc à la télévision à l’Isle-aux-Coudres.

Par Réjean Bergeron, insulaire et journaliste

Je souris encore lorsque les épisodes sont présentés pour une millième fois sur Prise 2.

Je me désole cependant en regardant le statut de « malheureux naufragés » réservé aux résidents de cette magnifique île charlevoisienne.

La Société des traversiers du Québec (STQ) et l’équipe de location du NM Svanoy font preuve d’une telle incompétence qu’ils font paraître le capitaine Jonas Grumby et son matelot Gilligan comme des as de la navigation en haute mer.

Et la ministre des transports, Geneviève Guilbault, se contente quant à elle de parader comme le faisait dans l’émission la jolie star, Ginger Grant.

Ironiquement, les deux partagent d’ailleurs les mêmes initiales.

Ce n’est pas parce qu’on rit jaune que cela est drôle.  Depuis quelques années, la STQ accumule gaffe par-dessus gaffe à l’Isle-aux-Coudres, Matane, Tadoussac et même Québec.

Manquerait-il des gens au pied marin pour prendre certaines décisions ?  Pas vraiment certain que beaucoup de hauts dirigeants de la Société prennent régulièrement le traversier.

Pour les résidents de l’Isle-aux-Coudres, le traversier est le premier et seul lien.

Il a été bâti à coup de navires dont les autres ne voulaient plus comme le Laviolette, le Pierre-de-Saurel, le Trois-Rivières ou le Radisson.

L’arrivée du Joseph-Savard dans les années quatre-vingt a solidifié le lien.  C’était un traversier construit à Lévis, pas en Italie ou en Norvège, répondant parfaitement aux conditions de navigation locales.

Malheureusement, notre bon vieux Joseph-Savard s’est perdu dans des réparations dont la durée et le coût ont explosé.  Les rumeurs veulent qu’on ne le revoie plus jamais à l’Isle-aux-Coudres.

Le remplaçant qui a été offert aux gens de l’Isle est l’affreux NM Svanoy affrété auprès de la firme Logistec.

Arrivé de la Norvège en juin 2022, il ne cesse d’accumuler les ennuis.  En plus, Logistec a engagé un équipage composé de marins unilingues anglophones en faisant croire à une pénurie de main-d’œuvre.

Pourtant, certains membres d’équipage du Joseph-Savard doivent partir de l’Isle-aux-Coudres pour aller faire des tâches bien en deçà de leurs qualifications à la traverse entre Québec et Lévis.

En poste depuis juin 2022, l’équipage de location de Logistec n’a mis que trois mois pour visiter les rochers à l’approche du quai de l’Isle-aux-Coudres.

Le bris causé au gouvernail a mis le Svanoy au rancart jusqu’au mois de mars dernier.  Depuis son retour, c’est le festival des annulations de traversées justifiées par les « conditions de navigation défavorables », le « besoin de repos de l’équipage » ou « la période de formation de l’équipage qui se poursuit ».

Il me semble qu’après presqu’un an, l’équipage devrait commencer à être à niveau.  Si ce n’est pas le cas, qu’on fasse signe à Logistec d’avoir recours à des marins locaux.

Nos ancêtres ont bravé le fleuve sur des traversiers bien moins performants que ceux d’aujourd’hui afin de briser l’isolement des résidents de l’Isle-aux-Coudres.

Les mots « repos de l’équipage » et « conditions de navigation défavorables » ne faisaient pas beaucoup partie de leur vocabulaire.

La façon dont les dirigeants de la Société des traversiers du Québec traitent les insulaires est une insulte à la mémoire de ces grands marins qui ont bâti notre premier lien.

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